Etude avril 2015 : Mise en place du lean dans le secteur des transports : comment réagir ?.
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La “crise” qui a débuté avec la chute de Lehmann Brothers en septembre 2008 n’a pas atténué les exigences des actionnaires, des conseils d’administration et donc des directions. Dans un contexte où se conjuguent chômage de masse (6 millions de chômeurs), précarité accrue de l’emploi, recul du pouvoir d’achat et politiques d’austérité, le patronat recourt largement au dumping social et fiscal et aux attaques contre le Code du travail. Cela n’est pas sans générer de l’incertitude professionnelle même chez les salariés qui disposent d’un emploi qui serait apparu comme « stable » il y a encore quelques années.
Cette obsession de la rentabilité financière demeure et n’est pas sans conséquences sur l’emploi, les postes de travail et les conditions de travail des salariés. C’est dans ce contexte que l’organisation du travail lean se développe dans tous les secteurs productifs : industrie, secteur privé, service public, hôpitaux, etc. Après avoir envahi les usines du secteur automobile, le lean se déploie aujourd’hui dans plusieurs dimensions : lean manufacturing, lean management, Comptabilité lean, etc. Rien n’apparait pouvoir lui échapper. Le secteur des transports ne déroge pas à l’emprise croissante du lean, en témoignent le développement du lean transportation et celui du lean logistic.
Le lean a tendance à s’insinuer aussi dans les organisations publiques et privées en dissimulant son vrai visage : celui de créer de la valeur pour le capital, alors que les directions indiquent n’œuvrer que pour la satisfaction des clients. Ces méthodes sont bien souvent présentées sous couvert du « bon sens » (en effet, qui pourrait être contre un service de qualité au client ou à l’usager ?). Les promoteurs du lean nient totalement la divergence d’intérêts entre les salariés, d’une part, et les actionnaires, d’autre part. Les directions ont aussi tendance à présenter le lean sous son meilleur jour en omettant d’en présenter les multiples conséquences délétères sur les conditions de travail et la santé des salariés : intensification du travail en lien avec les délais de plus en plus courts, stress, suppressions de postes, troubles musculo-squelettiques (TMS), mal-être et perte de sens au travail, risques psychosociaux (RPS), etc. Le salarié n’est pour les promoteurs du lean qu’une « ressource » qu’il faut « optimiser » en permanence : le quotidien des salariés devient ainsi clairement plus pénible.
Les instances représentatives du personnel (IRP) – notamment les Comités d’entreprise et les CHSCT – ne sont que trop rarement consultées sur la mise en œuvre du lean. Les directions cherchent en effet à les contourner en mettant en place des « démarches participatives ». Mais à aucun moment les choix structurants ne peuvent être discutés par les salariés.
À l’occasion du 52ème Congrès de la Fédération des Transports CGT, le cabinet Progexa, au service exclusif des représentants du personnel, est particulièrement honoré de vous remettre ce document, qui se présente en trois points. La première partie démontre que le lean ne peut être déconnecté des objectifs de profitabilité des entreprises par l’accroissement de la productivité du travail. La deuxième montre comment le lean se déploie dans le secteur des transports. Enfin, la dernière partie aborde la nécessité de remettre au centre du jeu les salariés, les syndicats, les CE et les CHSCT.